De 2008 à 2010 nous prenions clairement conscience que la vocation des Artisans de Paix est de réaliser l’unité des enfants de Dieu dispersés, avec le partage intégral du message essentiel de chacune de nos traditions, sans confusion des unes avec les autres et sans accaparement aucun. Les musulmans préfèrent parler de l’unité des serviteurs de Dieu et les bouddhistes de notre vrai visage (la nature de bouddha). Quel que soit le vocable employé, s’est ouvert l’horizon de notre unité plurielle, celui des Fraternités Artisans de Paix. Ce partage intégral, sans confusion et sans accaparement aucun, qui nous configure avec les hommes de bonne volonté de tout bord, nous en avons explicité l’expérience dans le séminaire interspirituel 2010-2011 intitulé « La Cité de Paix. Entrer dans les 7 demeures spirituelles ». Nous en avons récolté des fruits à Jérusalem en 2012, où nous avons été confirmés dans cette Voie. Nous tenons là une piste sûre que nous devrons continuer d’explorer au fil des années à travers nos réunions interreligieuses de prières, nos retraites interreligieuses et nos pèlerinages, engageant ainsi un Dialogue du Salut qui est Connaissance pratique de Dieu, Dilatation du Coeur, Paix.
Comme nous l’avions écrit dans le PV de l’AG 2011, il conviendra pour cela que chaque tradition approfondisse en son sein l’engagement spirituel des Artisans de paix et que chacun de nous lui donne corps suivant sa foi, ses textes, ses références, ses aspirations. Les Artisans de Paix ne visent pas une langue tendanciellement unique qui serait la confusion des idiomes, mais l’enracinement, au sein de chaque tradition religieuse, de la quête spirituelle d’une Parole unique énoncée dès l’origine en diverses langues pour être par essence pluralisée. Donner corps à la vocation spirituelle des Artisans de paix au sein de sa propre tradition, c’est remonter à son cœur même, l’avoir au cœur, et faire chœur avec l’humanité fraternelle. La vocation des Artisans de Paix exige impérieusement cette exploration, par laquelle chacun pourrait ancrer son engagement dans sa propre tradition et l’exprimer dans son propre idiome. Nous espérons qu’un jour « Artisans de Paix » sera reconnu comme un mouvement intérieur à la Synagogue, à l’Eglise et à la Mosquée, distinctement. Nous avons rencontré Mgr Michel Dubost, chargé de l’interreligieux dans la Conférence Episcopale des Evêques de France, à cet effet. Il viendra « goûter et sentir » nos réunions le 17 avril 2013. Nous l’en remercions.
Sur cette base, nous avons pour vocation d’engager un Dialogue du Sens qui réfléchisse cette connaissance pratique du Salut sous ses diverses modalités interdisciplinaires et internationales. Nous remercions le Professeur Jean-Paul Durand qui nous a donné sa confiance en nous disant « Vous mettez les choses à l’endroit ». Il nous a proposé de diriger un séminaire de recherche et de formation dans le cadre de l’AIDOP (Agence Internationale pour la Diplomatie et l’Opinion Publique) qu’il a fondée, sur le thème de notre choix. Nous avons ainsi engagé une recherche à niveau universitaire sur la « Spiritualité de l’Interreligieux pour la Paix », en nous fondant sur la pratique des Artisans de Paix. Il s’agit pour les Artisans de Paix, d’élaborer une pédagogie du désir (lequel assure la dynamique de la Cité de Paix avec ses 7 demeures spirituelles), en posant les énergies de notre Souffle (l’inspir et l’expir) sur la base de l’énergie du Sacré (l’entre-deux, la pause à vide appelée « la Racine du Souffle », plénitude d’être dans l’abandon de soi, possible ouverture à l’au-delà de tout, Vacuité source de toute vie). A partir de quoi nous nous interrogerons sur l’anthropologie, l’épistémologie, les théologies et les dogmatiques qui permettent de vivre et de penser cette expérience. En complément de ce thème, nous travaillerons en 2013 « Jérusalem, mère des peuples » d’un point de vue interscripturaire pour donner suite à notre pèlerinage 2012, et les « Fraternités Artisans de Paix » pour discerner le chemin avenir qui est le nôtre. Nos travaux interscripturaires utiliseront la matière première rassemblée par Jacques Cusset (Père blanc) dans le Recueil de textes qu’il a préparé pour accompagner notre pèlerinage à Jérusalem. Nous le remercions tous pour ce précieux travail qui a été utilisé à Jérusalem par nos amis juifs et musulmans, et bien entendu par les chrétiens.
Le cœur est à la marge : le Dialogue du Salut avec la dilatation du cœur qui le caractérise, nous convoque à engager un Dialogue de l’Action dans les lieux de conflits qui sont à la marge du monde. Cette année, nous irons plus que jamais, à la rencontre de jeunes de banlieues en nous laissant guider par Nourdine Mlanao qui sera responsable de cette action. Nourris de la paix donnée et reçue à Jérusalem où est née une délégation Artisans de Paix, nous sommes confirmés dans notre vocation d’aller vers ce que nous sommes : un peuple de peuples « Artisans de Paix » appelé à aller de par le monde. Constituer un peuple témoin, itinérant, ordonné à la spiritualité du désert du Sinaï qui l’inspire, est notre vocation conformément au projet initial des Artisans de Paix appelé à s’inscrire dans une vision œcuménique internationale.
Monseigneur Kelekian, Exarque Patriarcal de l’Eglise Arménienne Catholique en Terre sainte, actuel Délégué des Artisans de Paix à Jérusalem, a très bien compris notre démarche qu’il a exprimée ainsi à Jérusalem : « Le temps est donc arrivé, très chers membres de l’organisation « Artisans de Paix », d’œuvrer à la reconstruction de la Paix, réunissant tout le genre humain sous un même maitre, celui qui est le créateur et le soutien de ce monde, avec l’aide de nos ainés, les saints qui nous ont précédés dans le domaine céleste, car c’est en contemplant cette Jérusalem céleste que nous pourrons édifier la Jérusalem terrestre, profitant du modèle qui nous est donné. Certes, il n’est pas facile d’œuvrer pour la paix, c’est presque aller à contre courant, tellement le cœur humain est prompt à la vengeance et à la haine. Ce faisant, le genre humain tend de plus en plus à s’éloigner du but précis de son existence, qui est de se réunir tous avec un seul et unique Seigneur. Pour agir et pour pouvoir porter des fruits de paix, il faut avant tout rentrer en soi-même et opérer une conversion radicale, qui puisse nous libérer de nos préjugés les uns envers les autres, ensuite, il nous faut une volonté ferme de coopération et d’entraide à tout niveau, enfin il nous faut emmagasiner une énergie débordante qui nous permette d’aller toujours de l’avant, sans jamais nous lasser, avec une dose d’amour et de patience, qui nous encourage à persévérer, malgré les échecs que nous pourrions essuyer dans ce cheminement ».
Bonnes fêtes à tous et bonne rentrée !
Paula Kasparian,
Présidente des Artisans de Paix