CONSERVER LA MÉMOIRE DE L’INNOMMABLE
En particulier la mémoire des génocides qui se produisent aujourd’hui en plusieurs points du monde, mais de façon particulièrement innommable, en Irak.
Nous rendons hommage à Mgr Yousif Thomas Mirkis, o.p., archevêque de Kirkouk et Souleymanieh, Irak, qui s’engage dans cette triple tâche des artisans de paix, en commençant par la première. Il donne des conférences un peu partout dans le monde, pour témoigner de ce qui se passe en Irak. Certains d’entre nous ont eu la chance de pouvoir le voir et l’entendre jeudi 25 septembre, au Couvent dominicain de l’Annonciation, 75008 Paris.
Mgr Yousif Thomas Mirkis, o.p., fait mémoire du mal qui dépasse tout entendement : Yousif Thomas Mirkis : Le massacre de la cathédrale de Bagdad en 2010 est notre 11-Septembre
Il nous informe de la gravité de la situation qui nous concerne tous : L’Etat islamique : un nouveau nazisme est en train de sévir
Il nous invite à réaliser que la mondialisation est d’abord au niveau du cœur, en lançant un appel à la conversion de tous : le mal est d’abord dans le cœur des hommes. Qu’un homme se convertisse et le monde se transforme par contigüité.
Le 15 septembre 2014, il a lancé « Conversio » : une invitation à prier Marie, pour que toutes les femmes et tous les hommes de la terre, en particulier tous ceux et celles d’entre eux perpétuant des actes de violence qui défigurent et blessent l’humanité toute entière, puissent rencontrer l’amour de Dieu. Il propose de prier avec la prière de saint Jean Paul II (du 8 décembre 2003).
DÉNONCER LE MAL QUI S’EMPARE DU CŒUR DES HOMMES ET DES FEMMES
En particulier, celui des terroristes
Nous rendons hommage aux dénonciations de la barbarie, de la part des musulmans qui ne veulent pas que des crimes atroces soient commis en leur nom.
Au Royaume-Uni, des musulmans dénoncent l’extrémisme des jihadistes : ils manifestent dans la rue avec cette pancarte « Pas en notre nom »… Not in my name (« Pas en mon nom »)
« Ces atrocités retombent sur les musulmans du monde entier » nous dit le journal Le Parisien : Otage assassiné : Ces atrocités retombent sur les musulmans du monde entier
Quand les musulmans dénoncent « l’Etat islamique », ils s’en démarquent et nous donnent un autre sens de l’Islam. Nous rendons hommage à l’Islam de France dont l’ensemble des associations a dénoncé L’EIL qui commet ces atrocités en Irak. Lire Le Monde – Le Télégramme : Quand les musulmans dénoncent l’Etat islamique
Jour de colère pour les musulmans de France rassemblés le 26 septembre devant la Grande Mosquée de Paris, pour honorer la mémoire d’Hervé Gourdel : « Ce rassemblement, c’est l’expression forte et vivante de notre volonté d’unité nationale et de notre volonté inébranlable de vivre ensemble », a martelé le président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur, soulignant que « l’islam est une religion de paix » qui « ordonne le respect de la vie ». Hervé Gourdel : jour de colère pour les musulmans de France
PRIER POUR L’OUVERTURE DU CŒUR DE TOUS LES HOMMES ET DE TOUTES LES FEMMES
Qu’est-ce donc que le « cœur » dont il est question dans toutes les traditions spirituelles ? Il y a une grande différence entre le cœur sentimental que l’on exploite par l’émotivité, et le cœur spirituel ou mystique qui, dans toutes les traditions spirituelles, est le lieu de la connaissance transcendante. Le cœur sentimental est mouvant : c’est une nef sur les eaux agitées de l’inconscient, d’où l’éphémère des sentiments. Le cœur mystique est le symbole du Centre de l’être, le cœur-conscience qui n’a rien à voir avec l’organe que l’on soigne : c’est le lieu où se révèle la connaissance des réalités supérieures. Le symbole qui vient pour le signifier, c’est une coupe, une lampe, un sanctuaire, une chambre secrète, un miroir sur lequel se révèle la présence divine, la présence réelle ou l’absolu : c’est le lieu de la conscience éclairée de l’homme intérieur.
La voie du cœur aspire à la sagesse, dans toutes les traditions. Elle est une voie très rigoureuse, payée de mille morts et de mille dépouillements. Elle n’est pas éthérée mais au cœur du monde qu’elle porte tout avant, très loin des amours mièvres, fades au regard de l’Amour qu’elle nous donne à goûter… En effet, l’amour qui va jusqu’à pardonner à ses ennemis, l’amour – compassion est un état d’être particulièrement rare. Supporter, souffrir avec l’autre, suppose un état d’être particulièrement élevé.
Il n’y a rien de plus rigoureux que la voie du cœur : une voie spirituelle se reconnaît à son intransigeance. Elle est une voie d’arrachement aux valeurs mondaines et non une voie de complaisance. A voir et écouter : La puissance du cœur par Jacqueline Kelen – YouTube
Bonne route, à chacun et à tous.
Paris, le 27 septembre 2014, Paula Kasparian, Présidente des Artisans de Paix.