Lettre 72 - 25/11/2017

Mgr Bernard Panafieu, alors archevêque métropolitain d’Aix-en-Provence et Arles, parraina l’association Artisans de Paix, au moment de sa création en 1994, soit un an avant qu’il ne soit nommé archevêque de Marseille, deux années avant qu’il ne devienne membre du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux, sept ans avant qu’il ne soit créé cardinal (l’église de Rome qui lui incombe alors est San Gregorio Barbarigo alle Tre Fontane) et membre du Conseil Pontifical Justice et Paix. Il a été d’un soutien sans faille pour notre association de 1994 à nos jours et demeurera constamment dans la Mémoire des Artisans de Paix.

Rappelons que l’association civile Artisans de Paix a été déclarée à la Préfecture de Police de l’Essonne, le 4 octobre 1994, avec pour objet : « créer et instaurer un centre permanent qui réunira, dans le respect scrupuleux de la doctrine et des rites propres à chacune des trois religions monothéistes, des hommes et des femmes de bonne volonté et de décision appartenant aux domaines : scientifique, éthique, spirituel, afin de permettre des séjours de rencontres, de spiritualité et d’interéchanges, préparant de façon suivie la paix mondiale. ».

Cette association a été refondée en 2015, son objet déclaré à la Préfecture de Police de Paris devenant en février 2016 : « créer un institut spirituel itinérant qui a pour but de contribuer de façon suivie à la paix mondiale, avec le concours des religions. Cet institut réunira, dans le respect scrupuleux de la doctrine et des rites propres à chacune des religions concernées, des hommes et des femmes de bonne volonté et de décision appartenant aux domaines : scientifique, éthique et spirituel, s’engageant solidairement dans une voie de croissance en humanité. Il favorisera l’émergence de Fraternités Artisans de Paix, déterminées chacune par les différentes traditions religieuses représentées. ». A charge, pour les membres du conseil d’administration, de demander selon la procédure nécessaire dans chaque tradition, une reconnaissance officielle de chaque Fraternité Artisans de Paix par la tradition concernée (2nde résolution de l’AGE 2015). Une procédure engagée dès 2016 pour demander une reconnaissance canonique pontificale de personne juridique privée et une reconnaissance canonique des statuts canoniques de la Fraternité Eucharistique des Artisans de Paix a été décidée (3ème résolution de l’AGE 2015).

La visite de SE le Cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo au siège social de notre association où il fut conduit par notre amie Michèle Jarton, le 15 février 2016, nous confirma dans cette démarche (la 3ème résolution de l’AGE 2015). Par pure grâce, la vocation d’Artisans de Paix incarne le message de sa vie. Après un échange épistolaire avec Mgr Michel Dubost, alors chargé de l’interreligieux dans le cadre de la Conférence Episcopale des Evêques de France, qui le confirma dans sa conviction, SE le Cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo devint le Cardinal Protecteur de notre Association pour nous introduire à Rome, auprès du Cardinal Kévin Joseph Farrell, Préfet du Dicastère pour les Laïcs, la Famille et la Vie.

Je me rendis donc à Rome le 1er mars 2017, en compagnie de François Lacoste, l’architecte de l’Eglise du Baptême du Christ en Jordanie et de l’Arche de Paix à Al Qaouzah (Sud Liban), membre d’Artisans de Paix, pour y rencontrer le canoniste représentant pour nous le Cardinal Farrell, M Philip Miligan, le 2 mars 2017. Celui-ci nous dit, au nom du Cardinal, ces paroles qui restent gravées dans mon cœur : « L’Eglise veut ce que vous faites. Non seulement elle veut, mais elle a le devoir d’aider « l’œuvre » à se pérenniser et croître. Toute la question est de savoir quelle forme juridique « l’œuvre » doit prendre pour cela ». Puis, attentif à la vie concrète de notre association,  il nous posa des questions précises. A la suite de quoi il nous dit : « A la lecture de votre dossier et à l’audition de vos réponses à nos questions, il semble que la forme juridique juste soit la création d’une fondation pour préserver le patrimoine spirituel qui se met en partage à Artisans de Paix, la dimension internationale de l’association, procédant du rayonnement de ce patrimoine ». Et il ajouta : « comme il existe des fondations pour préserver un patrimoine matériel, il existe des fondations pour préserver un patrimoine spirituel. Ce patrimoine, il faut l’écrire. Une association canonique faisant vivre ce patrimoine est toujours le complément d’une fondation ». Il prit l’exemple de saint Ignace de Loyola : la fondation, c’est les Exercices spirituels qui mettent en partage ce que fut l’expérience fondatrice d’Ignace ; l’association, c’est la Compagnie de Jésus. Je parlai alors du Livre des Grâces que me demande d’écrire Christian Rogez, depuis quelques années.

Je restai à Rome du 1er au 5 mars où je rencontrai chaque jour SE le Cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo chez lui, lui faisant part du cheminement quotidien de ma prière et de mes rencontres à Rome, rendant grâce et priant avec lui pour notre Avenir. Le dernier jour, en présence de sa sœur et de sa nièce, je reçus sa bénédiction pour l’œuvre à accomplir, à commencer par l’écriture du « Livre des Grâces ». L’ordre de mission, reçu de Rome, du Liban et de Paris, pour pérenniser l’Œuvre et l’aider à croître, est d’expliciter le patrimoine spirituel qui donne à Artisans de Paix son rayonnement, en écrivant un « Livre des Grâces », grâces divines qui se mettent en partage de plus en plus lisiblement parmi les « Artisans de Paix ». Ceci, afin que les générations futures puissent s’en inspirer et que le mouvement puisse se perpétuer et croître.

SE le Cardinal Bernard Panafieu est décédé dimanche 12 novembre dans la soirée ; ses obsèques, célébrées en la cathédrale Notre-Dame de la Major à Marseille, le 17 novembre. Notre Cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo est né au ciel une semaine plus tard, après un an d’agonie éprouvante. La cérémonie très solennelle de ses obsèques a eu lieu le 21 novembre à Saint Pierre de Rome. Tous deux peuvent compter sur notre prière et nous sur la leur. Une Messe sera célébrée à l’intention du Cardinal Andrea di Montezemolo à la Chapelle Saint Louis des Invalides sur l’initiative d’Henri Vivier, chevalier du S. Sépulcre, le 10 décembre prochain, à 11 heures… précises. Les Artisans de Paix y sont vivement invités.

Fidèlement vôtre, Paula Kasparian, Présidente d’artisans de Paix.

Pour votre connaissance, je reprends ici des informations provenant de la Documentation catholique et de Zénit :

SE le Cardinal Bernard Panafieu est né le 26 janvier 1931 à Châtellerault (Vienne) dans une famille originaire de l’Aveyron (Baraqueville et Rivières sur Tarn). De l’union entre André Panafieu (1902-1962), fonctionnaire de la Banque de France, et de Madeleine Panafieu, née Doussière, sont nés quatre enfants : trois filles et un garçon, Bernard. Il séjourna à Lille, Paris et Marseille (durant la Seconde guerre mondiale). En 1950, il intégra le séminaire d’Albi et poursuivit ses études au séminaire d’Issy-les-Moulineaux. Après le service militaire effectué en 1956 en Algérie, il fut ordonné prêtre le 22 avril 1956 à Notre-Dame de Paris pour le diocèse d’Albi. Il devint vicaire de la paroisse Saint Sauveur de Mazamet (Tarn) et aumônier JOC. De 1956 à 1974, durant son ministère sacerdotal,  il exerça successivement les fonctions de vicaire, aumônier de lycées, aumônier des étudiants, curé. Le 18 avril 1974, il devint évêque auxiliaire du diocèse d’Annecy. Le 3 décembre 1978, il est nommé archevêque métropolitain d’Aix-en-Provence et Arles. Durant son épiscopat, il mit en place à partir de 1982 le jumelage avec le diocèse de Natitingou au Bénin. Le 3 octobre 1983, le séminaire Saint Luc est rouvert, instituant une année de propédeutique. Le 6 mai 1984 est canonisé Laurent Imbert, missionnaire en Corée. Monseigneur Bernard Panafieu préside le 16ème centenaire de la fondation du diocèse le 24 mai 1984.  En mars 1989, le colloque Maurice Blondel est organisé pour le 40ème anniversaire de son décès. La même année, en septembre, l’année de propédeutique est remaniée. En 1994 il devient Président d’honneur d’Artisans de Paix. Le 24 août 1994, il est nommé coadjuteur du cardinal Coffy, archevêque de Marseille. Le 22 avril 1995, Bernard Panafieu devient archevêque de Marseille. Durant son épiscopat aixois, il a publié huit lettres pastorales et inauguré quatre nouvelles églises : Saint François (1987), Saint Paul (1989) et Notre-Dame de l’Arc (1992) à Aix-en-Provence, et la nouvelle église de Marignane (1993). En 1996, il devient membre du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux. Le 21 octobre 2003, il est créé cardinal; l’église de Rome qui lui incombe est San Gregorio Barbarigo alle Tre Fontane. Il devient également membre du Conseil Pontifical Justice et Paix. Le 7 mars 2004 en la cathédrale Saint Sauveur d’Aix-en-Provence est célébrée la messe cardinalice. En avril 2005, il participe au conclave qui élit Benoît XVI après le décès de Jean-Paul II.Depuis le 13 mai 2006, le cardinal Panafieu était retiré à Notre-Dame de Vie (Venasque, 84).

Le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, archiprêtre émérite de la basilique papale de saint Paul-hors-les-Murs, s’est éteint le 19 novembre 2017 à Rome, à l’âge de 92 ans. Le 14 octobre 2016, le pape François lui avait rendu visite à la maison de soin « Villa Betania » où il vivait, rappelle Radio Vatican. Ses funérailles ont été célébrées le 21 novembre en la basilique Saint-Pierre par le cardinal Giovanni Battista Re, vice-doyen du Collège cardinalice. Comme de tradition, le pape a présidé le rite de l’Ultima Commendatio et de la Valedictio au terme de la célébration. Après sa mort, le Collège cardinalice compte 217 cardinaux, dont 120 électeurs et 97 non électeurs. Né à Turin le 27 août 1925, Andrea Cordero Lanza di Montezemolo est le fils de Giuseppe Cordero Lanza di Montezemolo  qui organise et commande durant la guerre de libération de 1943-1945 le Front Militaire Clandestin de Rome, et est dénoncé, torturé et exécuté avec 334 otages, dont 75 étaient juifs, le 24 mars 1944, aux Fosses Ardéatines, le 24 mars 1944 par les nazis. Sur les traces de son père, Andrea a été soldat volontaire dans la guerre de libération (1945), après laquelle il est devenu architecte et assistant auprès de la Faculté d’architecture de l’Université de Rome.

Longue carrière diplomatique : Il suit également des cours de philosophie et de théologie à l’Université pontificale grégorienne, avant d’être ordonné prêtre pour le diocèse de Rome le 13 mars 1954. Il fréquente l’Académie pontificale ecclésiastique (1957-1959) et suit des études de droit canonique à l’Université pontificale du Latran. Le p. Montezemolo entre en 1959 dans le service diplomatique du Saint-Siège, pour être secrétaire de nonciature à Mexico (1960-1964); au Japon (1964-1965); au Kenya/Ouganda/Tanzanie (1965-1968); et au sein de la Secrétairerie d’Etat (1968-1972). De 1972 à 1977, il est nommé sous-secrétaire – numéro 3 – puis secrétaire de la Commission pontificale « Justice et paix » ; consacré évêque en 1977, il devient nonce apostolique en Papouasie-Nouvelle-Guinée, puis au Honduras, au Nicaragua, et enfin en Uruguay. En 1990, il est nommé délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine ainsi que grand chancelier de l’Université arabe de Bethléem, nonce à Chypre et délégué apostolique en Jordanie. Il est l’artisan des négociations pour normaliser les relations entre le Saint-Siège et Israël, qui aboutiront à l’accord de 1993, après lequel il devient le premier nonce apostolique en Israël (1994-1998). Mgr Montezemolo est nommé nonce apostolique en Italie et à Saint-Marin en 1998 ; puis assesseur de l’Ordre équestre du Saint-Sépulcre en 2001.

Artisan de l’Année Saint-Paul : Benoît XVI le nomme archiprêtre de la basilique patriarcale de Saint-Paul-hors-les-murs en 2005. A ce poste, il suggère au pape allemand la célébration de l’Année Saint-Paul (juin 2008-juin 2009) et promeut une enquête scientifique sur le sarcophage traditionnellement considéré comme celui de l’apôtre des Gentils, recherche qui confirme l’authenticité de la dépouille. Expert en héraldique, il a contribué en 2005 au dessein du blason pontifical de Benoît XVI. Ce dernier le crée cardinal en 2006. Le cardinal Montezemolo démissionne en 2009 de sa charge d’archiprêtre, à l’âge de 84 ans.

Le pape François fait part de sa « sincère admiration » pour le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo, archiprêtre émérite de la basilique papale de saint Paul-hors-les-Murs : Il « vécut avec fidélité son long et fécond sacerdoce », écrit-il dans un message de condoléances. Le 14 octobre 2016, le pape François lui avait rendu visite à la maison de soin « Villa Betania » où il vivait, rappelle Radio Vatican. Dans son télégramme adressé à la sœur du cardinal, Adriana Cordero Lanza di Montezemolo, le pape exprime sa « sincère admiration » pour cet « homme d’Eglise estimé qui vécut avec fidélité son long et fécond sacerdoce et épiscopat au service de l’Evangile et du Saint-Siège ». Le pape fait mémoire « avec gratitude de son œuvre généreuse dans les représentations pontificales de divers pays, spécialement en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Nicaragua, au Honduras, en Uruguay, en Israël, en Italie, où il se dévoua avec sagesse au bien des populations ». Nommé délégué apostolique à Jérusalem et en Palestine en 1990, le cardinal a été un artisan des négociations pour normaliser les relations entre le Saint-Siège et Israël, qui aboutiront à l’accord de 1993, après lequel il devint le premier nonce apostolique en Israël (1994-1998). Comme premier archiprêtre de la basilique papale de saint Paul-hors-les-Murs (2005-2009), écrit encore le pape, « il témoigna d’un engagement particulièrement intense et compétent, aussi bien du point de vue pastoral qu’organisationnel et artistique et culturel », pour « rendre sa vitalité spirituelle » au lieu et redonner « un nouvel élan à sa vocation œcuménique ». A ce poste, le cardinal Montezemolo suggéra au pape Benoît XVI la célébration de l’Année Saint-Paul (juin 2008-juin 2009) et promut une enquête scientifique sur le sarcophage traditionnellement considéré comme celui de l’apôtre des Gentils, recherche qui confirma l’authenticité de la dépouille. Le pape François assure de ses prières « pour que, par l’intercession de la Vierge Marie et de l’apôtre des Gentils, le Seigneur accueille le regretté prélat dans la joie et dans la paix éternelle ». Il accorde sa bénédiction apostolique « à tous ceux qui partagent la douleur du départ de ce pasteur si zélé ».