Nous nous engageons dans une voie de croissance en humanité ou de sanctification en nous appuyant les uns sur les autres, avec la diversité des traditions religieuses représentées parmi nous. La diversité des traditions religieuses de l’Humanité s’affirme en même temps que leur unité : les pierres d’achoppement des chemins des hommes de bonne volonté deviennent la pierre angulaire qui les rassemble, la Spiritualité du Sinaï re-connue comme patrimoine de notre commune humanité.
Date : 25/1/1982
Se laisser construire par le Milieu divin, par Lui, avec Lui et en Lui, construire le monde qui vient… Nous devenons ainsi avec la diversité des traditions religieuses que notre groupe véhicule, « Voix » c’est-à-dire « paroles vivantes les uns pour les autres », nourriture sur le chemin. La vocation des artisans de paix est de « S’engager dans une Voie de sanctification – but de toutes nos traditions – en s’appuyant les uns sur les autres avec la diversité des traditions religieuses représentées parmi nous – originalité des Artisans de Paix ».
Nous sommes appelés à parler sans confusion, à la limite de nous-mêmes et du désir d’unité qui nous habite. Que chacun parle au plus vrai de lui-même et l’altérité surgit entre nous, comme une fleur qui s’épanouit. Plus grande est l’unité, plus vive est l’altérité ! Telle est notre expérience. L’unité n’est pas celle d’un genre mais de la Parole incarnée qui nous rassemble distinctement, en nous différenciant concrètement : « Matière-Esprit » ou « Milieu divin » dont parle Pierre Teilhard de Chardin. Touchés par Lui, nous rions ensemble, comme des enfants qui découvrent en balbutiant, le Monde que Dieu désire.
Vie livrée parmi nous, la Voie des artisans de paix est la Parole aussi imprononçable que le Tétragramme, qui se communique dans la chair comme le « point de passage des traditions les unes dans les autres, sans confusion des unes avec les autres ». Voix du silence fin qu’entend Elie sur le Mont Horeb ! Se laisser toucher par la « voix du silence fin » parlant en soi, pour soi et pour un autre, telle est l’épreuve de vérité des artisans de paix.
La façon de pratiquer et de nommer la « voie spirituelle » varie d’une tradition à l’autre. Les mésententes sont toujours possibles. D’où l’urgence d’énoncer ce qui règle notre démarche :
→ Ne jamais s’arrêter au sens entendu des mots mais s’enraciner dans ce qui nous est donné à goûter et sentir, voir et entendre et en définitive toucher ici et maintenant, avec les gestes et les paroles vivantes des uns et des autres.
Cette règle s’applique à notre façon d’entendre mais aussi de lire, qui ne doit jamais oublier de passer par l’épreuve purifiante de l’écoute de la « voix du silence fin ». Telle est la condition pour Nous reconnaître les uns et les autres, engagés diversement vers l’unité imprononçable avec laquelle s’éprouve la joie de la vie qui se multiplie à travers la diversité de la nomination du chemin et du but.
Il s’agit de donner à goûter et sentir, voir et entendre et en définitive toucher la Voie des Artisans de Paix, au moyen d’un doux courant de convictions, d’expériences et d’empathie des Voix, conformément à la vocation des artisans de paix de lancer des ponts-levis entre les châteaux forts que nous ne cessons de construire pour nous défendre les uns des autres. Nous le faisons en nous laissant inspirer par la puissance unitive qui nous habite et se révèle dans sa vérité plénière, avec le respect le plus total de l’altérité. Chemin d’humanisation croissante que nous qualifions de « transreligieux » (mot qui évoque sur un autre plan, le «transdisciplinaire » postulé par Jean Piaget à Nice, peu de temps avant sa mort). L’analogie ne supprime pas la diversité des cheminements, au contraire, elle la montre par un jeu de miroirs : Transreligieux et Interreligieux vont de pair.
La diversité des traditions religieuses de l’Humanité s’affirme en même temps que leur unité : les pierres d’achoppement des chemins des hommes de bonne volonté deviennent la pierre angulaire qui les rassemble. Les artisans de paix trouvent ici leur voie propre, le chemin de leur sanctification qui passe par celui de leurs Fraternités : Voie du Sacrement où nous nous engageons chacun dans un chemin d’Intériorité en nous appuyant les uns sur les autres, avec la diversité de nos traditions religieuses qui sont pierres d’achoppement l’une pour l’autre.
Paula Kasparian vit une expérience du Souffle la nuit du 25 au 26 janvier 1982, qui la conduit à l’intuition d’un peuple de peuples Artisans de Paix en 1994, année où elle rencontre André Chouraqui au premier Festival des musiques sacrées de Fez, puis Madeleine Frapier qui venait de créer l’association civile Artisans de Paix. Elle reconnait en l’association naissante Artisans de Paix le chemin providentiel qui lui est proposé pour incarner l’expérience du Souffle qui donne sens à sa vie, dans la mesure où celle-ci sera livrée en partage. Elle prend en charge l’animation de l’association dès son commencement, en vue de ce partage. C’est ainsi qu’elle est organisatrice des cycles Artisans de Paix depuis 1997, vice-présidente d’Artisans de Paix de 1998 à 2009, présidente d’Artisans de Paix depuis 2009, chargée du suivi du Programme n°4 d’AIDOP (Agence Internationale Diplomatie et Opinion Publique): « Pardon, Réconciliation, Justice » et présidente du séminaire spécialisé AIDOP de recherche et formation : « Spiritualité de l’interreligieux pour la paix », de 2012 à 2018.