En ce début de 2003 marqué par des menaces de guerre, « Artisans de paix » doivent avoir la conviction – et proclamer – que la guerre n’est pas inévitable.
Ceux d’entre nous qui se souviennent de la ré-occupation de la Rhénanie, de l’annexion de l’Autriche, du pacte honteux de Munich et de l’occupation de la Tchécoslovaquie, savent que céder à un dictateur ne peut conduire qu’au déshonneur et à la guerre et nous savons quel prix nous avons payé ces lâchetés successives.
Le dictateur irakien ressemble à celui des années ’30 et ’40. Il a massacré à profusion ; il a ruiné son pays qu’il gouverne par la terreur ; il affiche sa volonté de détruire Israel, comme son prédécesseur annonçait qu’il fallait annihiler les Juifs ; il détient peut-être des armes de destruction massive et a déjà utilisé des gaz contre ses adversaires et n’hésiterait pas à recommencer. Mais il n’est pas, grâce en soit rendue, à la tête d’une grande puissance mondiale. C’est cela qui nous permet d’espérer qu’un conflit peut être évité. Disons à nos gouvernants : « maintenez la pression pour éliminer les armes et neutraliser ce dictateur, mais n’engagez les hostilités qu’avec un mandat clair de la communaté internationale au nom du devoir d’ingérence ». Car il est des cas où la communauté internationale doit intervenir, comme elle l’a fait trop tardivement dans les Balkans ou en Afrique pour enrayer un génocide – et mieux eût valu qu’elle intervînt plus rapidement.
La poursuite des violences en Israel-Palestine n’est pas non plus inévitable.
Irak, Israel, Palestine, dans ce Proche Orient, berceau des trois monothéismes et de la loi d’amour qu’ils proclament et à laquelle nous croyons, « Artisans de paix » doivent se manifester. Nous devons demander à nos autorités religieuses respectives d’unir leurs voix pour rappeler à nos gouvernants qu’ils ont le devoir de poursuivre sans relâche une politique commune pour promouvoir la paix, le désarmement et la réconciliation. L’union fait la force, nous rappelle la sagesse des peuples. L’union des forces spirituelles et l’union de gouvernements démocratiquement élus, feraient reculer la violence et l’injustice, la misère et l’ignorance qui accablent une si grande proportion de nos frères.
L’exemple de l’Europe est là pour nous montrer que la paix et la réconciliation sont possibles et avec elles la prospérité. « Artisans de paix » propose le texte ci-après pour affirmer notre Foi que ce qui a été possible en Europe l’est aussi au Proche Orient, par une action persévérante pour la paix, la justice et la réconciliation, appuyée par la prière des croyants et la bonne volonté des non croyants.
Edmond LISLE, Président
L’Europe que nous aimons et dont nous sommes les enfants est née du sang et des larmes, des deuils et des ruines du deuxième conflit mondial.
Les peuples d’Europe auxquels nous appartenons se sont livrés des combats meurtriers pendant des siècles, culminant dans la tuerie des deux grandes guerres du XXè siècle et l’horreur de la Shoah.
Il y a cinquante ans, même pas deux générations, nos parents et grands parents ont dit « Cela suffit : plus jamais la guerre » et ont posé les fondements de l’Union Européenne.
À leur suite nous voulons poursuivre la construction de l’Europe, notre patrie commune, dans la paix et la prospérité. Pour cela nous faisons œuvre de mémoire et nous nous tournons vers l’avenir.
Par delà les conflits qui nous ont opposés, nous partageons un fond spirituel commun venant des peuples du Livre (Bibles hébraïque et chrétienne, Coran). Il a été enrichi par la philosophie grecque et le droit romain ; la Réforme, la Renaissance et les Lumières l’ont propagé dans l’Europe entière et jusqu’aux extrémités de la terre ; il se traduit dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.
Tel est notre héritage que nous sommes fiers d’assumer.
L’Europe, notre maison commune, héritière des grandes civilisations du bassin méditerranéen, terre d’immigrations et de métissages, a transmis à l’humanité entière un fonds spirituel et culturel unique. Ce patrimoine est le produit du génie propre de chacun de nos peuples et il s’exprime dans la science et la musique, les beaux arts et les lettres, mais aussi dans les principes du droit et de la justice, du respect de l’autre et de la solidarité entre tous.
Tel est le témoignage que l’Europe donne au monde : la volonté de régler les conflits et de les transformer en paix véritable, l’espoir de faire succéder à la haine, le respect et la tolérance, l’amitié et l’amour.
Cet enseignement de paix et de réconciliation que nous avons reçu et mis en pratique en Europe, nous l’écoutons et le vivons dans la foi. Nous voulons le partager, dans la solidarité et l’espérance, avec tous les peuples de la terre.