Juillet 2003 : été, vacances, insouciance… C’est le cas pour beaucoup de nos concitoyens qui s’abandonnent aux délices de la plage, de la campagne, de la montagne ou du tourisme à l’étranger et à un repos bien mérité. Pour nombre d’entre eux c’est aussi une période de ressourcement spirituel autant que de re-création physique.
Combien d’autres, beaucoup plus nombreux, même dans notre Europe unie et pacifiée mais en léthargie économique, atteints dans leur dignité humaine par le chômage, la précarité de l’emploi, des ressources insuffisantes, victimes d’exclusion, malades, handicapés, ne peuvent savourer les joies de l’été.
Et pour peu qu’on regarde au dehors de nos frontières, quelle somme de malheurs percevons-nous.
L’Afrique, s’enfonçant toujours plus dans la pauvreté, ravagée par le sida, déchirée par les guerres à répétition que se livrent ses peuples, gangrenée par une corruption universelle nourrie de l’étranger.
Le Proche et Moyen Orient où la victorieuse campagne d’Irak de la coalition menée par les Etats Unis a certes libéré le monde d’un dictateur sanguinaire dont les charniers quotidiennement découverts révèlent une horreur qui dépasse tout ce qu’on connnaissait déjà, mais où le pays libéré peine à retrouver la paix et un minimum d’ordre public et de sécurité, sans parler des services essentiels à la vie urbaine. Avec l’espoir pourtant qu’un nouvel ordre s’instaurera sous l’égide des Nations Unies auxquels les nations de la coalition savent qu’elles devront faire appel pour instaurer une paix et une démocratie véritables en Irak.
Espoir aussi pour Israel et la Palestine où la « feuille de route » s’impose aux protagonistes comme la seule chance de sortir de l’infernale spirale de la violence lancée depuis l’échec des pourparlers patronnés par le Président Clinton. Ici aussi, même si les Etats Unis sous un autre Président pèsent comme ils doivent le faire de tout leur poids pour maintenir les protagonistes sur la voie d’un dialogue incontournable mais ardu, il est clair que la pression de l’Europe et de la Russie ne sera pas de trop pour parvenir à un résultat durable, ici aussi sous l’autorité morale des Nations Unies.
Car dans ces deux points chauds de la planète au Proche et Moyen Orient, c’est bien de morale internationale qu’il s’agit et non de l’hégémonie d’une super-puissance ancore moins de guerre sainte ou de croisade entre l’occident et l’orient, malgré le traumatisme provoqué par les attentats bestiaux du 11 septembre, de Bali, de Tunisie et du Maroc et les horreurs commises par les talibans.
Il s’agit en effet de promouvoir partout dans le monde le respect des droits de l’homme et cela ne s’obtiendra pas par le terrorisme et les attentats suicides, mais par la reconnaissance mutuelle et le dialogue. Nous sommes cependant confrontés à la violence et pouvons à chaque instant en être les victimes. Nous avons le devoir de protéger notre société et de nous défendre. Mais nous devons aussi, inlassablement, rechercher le dialogue avec les sociétés différentes de la nôtre , et spécialement celles que nous craignons et que nous soupçonnons de vouloir nous agresser. La crainte et le soupçon de l’autre engendrent crainte et soupçon réciproques, source de conflits. Il est impératif donc d’éviter la méconnaissance et l’incompréhension : découvrir l’autre, « l’étranger » qui vit parmi nous, et le reconnaître d’abord pour ce qu’il est avant tout, un homme ou une femme comme nous, fils ou fille d’Adam, biologiquement notre frère ou sœur et à ce titre digne de respect. Découvrir ensuite sa richesse culturelle différente de la nôtre et à ce titre enrichissante pour nous. Dialoguer enfin ensemble pour approfondir notre connaissance mutuelle et avec la connaissance, le respect.
Au sein des « Artisans de Paix » nous avons une responsabilité particulière dans cet effort de reconnaissance et de connaissance. Etant Juifs, Chrétiens et Musulmans, nous nous reconnaissons déjà de la descendance d’Abraham ce qui signifie que nous sommes de la même frâtrie. Nous croyons au même Dieu unique et à son commandement d’amour. Nous avons donc le devoir de démontrer au reste du monde que nous reconnaissons cette filiation commune et qu’au nom de cette même loi d’amour révélée nous parvenons à nous respecter et nous entendre malgré nos différences et malgré aussi quelques siècles de conflits y compris au sein de nos communautés respectives, aujourd’hui encore entre Chrétiens pour ne citer qu’eux.
Cet effort de découverte de l’autre, de reconnaissance mutuelle et de dialogue permanent est l’action que propose notre Association « Artisans de Paix » par son programme 2003-2004,
« Une Europe en mutation au carrefour de civilisations : religions d’orient et d’occident et pensée agnostique ».
Le document ci-joint en rappelle le contenu. Notre ambition est de prolonger ce programme par des sessions en Proche Orient afin de tenir le cap sur l’objectif qui fut à l’origine de la fondation d’ « Artisans de Paix » dans l’esprit de sa Fondatrice, Madeleine FRAPIER, la création d’un haut lieu de rencontres, de réflexion et de prière au Sinaï, là où Moïse reçut les « Dix Paroles ». L’Association délibérera à l’automne des modalités de l’extension de notre programme.
En souhaitant à tous nos adhérents un été de repos, de joie et de grâce, j’ai aussi le plaisir de leur adresser une bonne nouvelle fiscale : « l’Association « Artisans de Paix » peut délivrer à ses donateurs des reçus fiscaux dans le respect des dispositions visées aux articles 200 1 B, 200 5 et 238 bis 1 du Code Général des Impôts », par décision de la Direction générale des impôts, Direction des services fiscaux de Paris-Sud du 23 juin 2003.
Edmond LISLE, Président