Le mois de novembre est celui des souvenirs, décembre est celui de l’espoir.
Des souvenirs d’abord.
Celui de nos aînés qui nous ont quittés et dont nous fleurissons les tombes avec les chrysanthèmes les 1er et 2 novembre. Nous nous souvenons avec reconnaissance de toutes ces personnes, aïeux, parents, amis, connaissances… que nous avons connus, aimés, fréquentés et de tout ce qu’ils nous donné et transmis.
Celui des combattants des deux conflits mondiaux du XXè siècle, que nous commémorons le 11 novembre, dans le recueillement devant leur sacrifice qui nous a préservés de la servitude: “Ils ne vieilliront pas, comme nous, les survivants, vieillissons; le grand âge ne les diminuera pas ni ne les accablera le poids des ans. Au coucher du soleil et au lever du jour, nous chérirons leur mémoire” (traduction libre d’un célèbre poéme anglais lu chaque 11 novembre à Londres).
Celui des victimes de la “Nuit de cristal” (Allemagne, 9/10 novembre 1938), pogrom orchestré par l’état nazi, étape violente dans la marche vers la “solution finale” visant à l’extermination des Juifs.
Celui des centaines de milliers d’Allemands qui, le 9 novembre 1989, font tomber le “Mur de Berlin” (die Mauer muss weg: le Mur doit tomber) donnant une impulsion définitive au mouvement lancé par Solidarnosc et un pape polonais en 1981, qui entrainera la chute du totalitarisme communiste en Europe. Les 17/18 novembre, avec la “Révolution de velours” les Tchèques de Prague confirment le mouvement vers la liberation de l’Europe centrale et orientale et le début de la réunification européenne.
Deux siècles après la Révolution française proclamant la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, la Révolution européenne de 1989 restaurait l’unité de notre continent dans le droit et la liberté, selon la devise de l’Allemagne (Einigkeit und Recht und Freiheit). La réconciliation de la France et de l’Allemagne, qui s’étaient si longtemps combattues, est au coeur de l’Union européenne.
Cette Union dans la réconciliation des peuples de l’Europe constitue un modèle pour d’autres régions du monde, encore victimes de conflits et de divisions, et des destructions qu’ils engendrent
Et maintenant, l’espoir.
La rencontre d’Annapolis est le premier pas dans une négotiation qui s’annonce longue et laborieuse, qui demandera beaucoup de patience, de détermination, d’intelligence et de concessions réciproques aux deux protagonistes, les peuples d’Israel et de Palestine et leurs dirigeants, pour aboutir enfin à la co-existence dans la paix et la prospérité de deux états au Proche Orient. Certes, après d’autres tentatives infructueuses dans le passé (Madrid 1991, Oslo/Washington 1993, Taba/Oslo II 1995, Charm-el-Cheikh 2001), le scepticisme se comprend.
L’échec est d’autant plus à craindre que l’histoire des années passées est aussi celle des intifidas, des attentats suicides et des agressions commandées de l’extérieur. La réaction à la rencontre d’Annapolis venant de l’Iran, du Hamas et du Hezbolla réaffirme le rejet de toute négotiation visant la paix entre Israel et la Palestine, même appuyée par une majorité des pays arabes, et au contraire la volonté de détruire Israel. Face à cette opposition de mouvements totalitaires dont l’idéologie et le langage rappellent ceux du nazisme, la réaction des démocraties doit être sans faille: appuyer de toutes leurs forces Palestiniens et Israeliens, les accompagner jusqu’à l’aboutissement de leur démarche pour la paix, leur donner toutes les assurances politiques nécessaires pour qu’ils concluent leur accord de paix dans la justice, leur accorder toute l’aide économique permettant la construction d’un “marché commun” viable, condition sine qua non d’un développement économique durable et harmonieux dans la région, avec à terme, l’intégration de ces deux états dans l’espace “euro-méditerranéen”.
In fine, comme les conflits du XXè siècle l’ont démontré, les démocraties l’emportent sur le totalitarisme et le fanatisme. Il leur faut pour cela le soutien sans faille de leurs citoyens, c’est à dire de nous tous.
Au mois des fêtes des Lumières – Hanouka – de l’Aïd el Kébir et de la Nativité, fêtes familiales de joie et d’espérance dans la vie et l’avenir, faisons monter les prières de tous les croyants et unissons-les aux pensées de tous les hommes et femmes de bonne volonté, afin que, pour les peuples d’Israel et de Palestine: “La paix règne dans tes murs et la prospérité dans tes maisons” (Ps122).
Edmond LISLE